Étude de
cas de fiscalité
approfondie n° 2
Proposée
par Monsieur Slim Besbes
La
société anonyme «Perspectives» est créée en 1995 dans le cadre du
code d'incitations aux investissements. Son capital social est de
1.500.000 dinars réparti en 150.000 actions. Elle est sise à la zone
industrielle de la Charguia II et a pour objet le montage des équipements
informatiques, le développement et la maintenance des logiciels. Par
ailleurs, les actions de cette société sont admises au second marché de
la cote de la Bourse des Valeurs Mobilières, étant précisé que le taux
d'ouverture de son capital au public est de 10%.
I-
Cette société a réalisé au titre des années 1999 et 2000 un bénéfice
comptable avant impôt respectivement égal à 300.000 dinars et 550.000
dinars.
Les
bénéfices de l'année 1999 ont été déterminés en tenant compte des
opérations suivantes :
1-
le cours journalier d'un titre coté en bourse, acquis au 1er janvier
1999 et figurant à l'actif du bilan de la société «Perspectives»
avait subi les variations suivantes :
Date |
Cours unitaires |
Nombre de titres |
Valeur de la
participation |
01/01/1999 |
15 D |
5.000 |
75.000 |
01/12/1999
|
12 D |
5.000 |
60.000 |
10/12/1999
|
12 D |
5.000 |
60.000 |
15/12/1999 |
14 D |
5.000 |
70.000 |
20/12/1999
|
13 D |
5.000 |
65.000 |
24/12/1999
|
11 D |
5.000 |
55.000 |
31/12/1999
|
10 D |
5.000 |
50.000 |
Pour
tenir compte de la dépréciation qui a affecté ce titre, la direction
a constitué une provision de 25.000 dinars ;
2-
la provision constituée au titre des stocks de PC s'élève à
200.000 D. Ce montant tient compte de la dépréciation qu'a subit le
prix de vente unitaire, qui s'élève à 500 D, par rapport au prix de
revient de l'unité qui est de 1.500 D ;
3-
le PDG de la société qui détient 11% du capital social s'est fait rémunéré
par la société au titre d'une somme de 15.000 D qu'il a mis à la
disposition de cette dernière à partir du 1er février jusqu'au 30
novembre 1999. Le taux annuel de cette rémunération était fixé à
15% ;
4-
une plus-value de 7.500 D résultant de la cession de 500 actions, détenues
au portefeuille de la société, d'une société cotée à la bourse des
valeurs mobilières. Le cours moyen du mois de décembre 1998 est de 45
dinars l'action. Ces titres ont été acquis le 30 juillet 1996 au cours
de 30 dinars l'action, et ont fait l'objet d'une réévaluation au 31 décembre
1997 selon un cours moyen de 40 dinars.
Par
ailleurs, afin de renforcer sa position sur le marché, ladite société a
décidé d'acquérir pendant l'année 1999 un nouveau serveur destiné à
l'hébergement des sites Web et des bases de données d'un coût global de
250.000 dinars.
Au
cours de l'année 2000, un programme d'investissement plus ambitieux a été
arrêté par la direction de la société. Il s'agit de créer une
nouvelle unité de développement de sites Web d'un coût global de
1.500.000 dinars. Le schéma de financement de cet investissement prévoit
l'utilisation d'un fonds propre à concurrence des bénéfices de l'année
et le reliquat sera financé par un crédit bancaire.
Travail
à faire :
Déterminer
l'IS dû par la société «Perspectives» au titre des années 1999 et
2000 en faisant les rectifications nécessaires et en optant pour la
solution la plus favorable à la société.
II-
Lors de la réunion du conseil d'administration de la société qui
s'est tenue le 31 janvier 2001 et qui a pour objet d'arrêter une
politique à moyen terme de la société, un différend a eu lieu entre
les principaux actionnaires :
-
d'une part, une partie du conseil d'administration désire suivre une
stratégie de renforcement des fonds propres de la société et ce, par
le réinvestissement systématique des bénéfices dégagés par
l'exploitation et profiter ainsi du dégrèvement de ces bénéfices réinvestis,
-
d'autre part, une seconde partie du conseil d'administration prétend
que cette politique qui a été jusqu'alors suivie par la société a
conduit à priver les actionnaires de la société pendant les exercices
précédents de la jouissance effective des produits de l'exploitation,
sachant que ces actionnaires ont choisi d'investir dans un secteur
porteur, et ce, dans l'intention de garantir un revenu périodique.
Travail
à faire :
Reconnaissant
que les soucis des uns et des autres sont légitimes, le PDG de la société
cherche la conciliation des deux parties. Il vous demande de lui
proposer la stratégie fiscale la plus adéquate qui lui permet
d'atteindre les objectifs suivants :
-
le renforcement des fonds propres de la société pour qu'elle soit
capable de réaliser les investissements nécessaires pour son développement
;
-
permettre aux actionnaires de percevoir un revenu régulier grâce à
une politique de répartition des bénéfices ;
-
atténuer l'imposition des bénéfices de la société.
III-
Les dirigeants de la société «Perspectives» ont adopté un plan
d'action visant le renforcement de la situation commerciale et financière
de la société et de ses ressources humaines en prévoyant notamment
l'offre, au courant du mois de mars 2000, au PDG, au chef de projet développement
et au directeur commercial, d'une option de souscription au capital
social, à exercer dans le cadre d'une opération d'augmentation de
capital social consacrée à cet effet, et ce, selon les modalités
suivantes :
Bénéficiaire |
Statut |
Salaire mensuel net |
Nombre de
titres offerts |
Valeur de
l'option |
Période de
l'option |
Le PDG |
Associé |
2.500 D |
500 |
15 D |
3 ans |
Chef projet développement |
Salarié non associé |
1.800 D |
250 |
15 D |
3 ans
|
Directeur commercial |
Salarié non
associé
|
1.600 D |
250 |
15 D |
3 ans
|
Suite
à la confirmation des performances de la société, notamment
l'accroissement continu de ses bénéfices et l'amélioration progressive
du cours boursier de l'action, sachant que le cours moyen journalier à la
bourse est passé de 25 D pour le mois de décembre 1999 à 35 D pour le
mois de décembre 2000, les bénéficiaires de l'option ont alors décidé
durant le mois d'avril 2001 de souscrire aux actions offertes par
l'option, opération qui sera concrétisée par une augmentation du
capital social.
Avant
d'entamer cette opération, la direction de la société sollicite votre
avis pour lui préciser les points suivants :
Travail
à faire :
1-
La société « Perspectives» remplit-elle l'ensemble des conditions
pour qu'elle soit éligible au régime fiscal de faveur prévu par la
loi de finances pour l'année 2000 ? Sinon, quelles
sont les démarches qu'elle devrait accomplir afin de régulariser sa
situation au regard de ce régime ?
2-
Préciser les conséquences de la levée de l'option tant du côté
de la société que du côté des bénéficiaires de cette option,
sachant que le bénéfice fiscal après déduction des provisions au
titre de l'exercice 2001 s'élève à 600.000 D.
3-
Le chef du projet développement envisage d'acquérir au comptant au
cours de l'année 2003 une villa au bord de la mer à Kerkennah, dont la
valeur se situe à environ 70.000 D, il vous consulte sur les points
suivants :
-
dans l'hypothèse où il aura besoin de liquidité, pourra-t-il céder
la moitié des actions résultant de la levée de l'option à un prix
prévisionnel de 40 dinars l'action et quelles seraient les conséquences
fiscales de cette cession ?
-
au cas où l'acquisition de cette villa aura lieu, préciser les
incidences fiscales au niveau du chef du projet.
IV-
Dans le but de consolider la position de la société dans la région du
Maghreb, les dirigeants de la société «Perspectives» envisagent de
s'implanter en Algérie. Ils hésitent entre les deux formules suivantes :
1ère
formule : La mise en place en Algérie d'un bureau ayant pour objet la
prospection du marché, la fourniture d'informations et la publicité. Les
contrats seront directement conclus avec le siège en Tunisie et ils
seront exécutés sur place par les ingénieurs de la société.
2ème
formule : La création en Algérie d'une succursale de la société «Perspectives»
qui aura pour objet la commercialisation des logiciels développés par la
société mère.
Travail
à faire :
La
direction de la société vous demande de lui préciser les incidences
fiscales de chacune des deux formules.
V-
Le 10 février 2001, la société «Perspectives» a reçu un avis de
vérification. Ayant constaté que la société ne tient pas de livres
comptables cotés et paraphés, le vérificateur a rejeté la comptabilité
et a procédé à la reconstitution du chiffre d'affaires et des bénéfices
de la société pour les années 1997, 1998, 1999 et 2000, et ce, en se
basant sur des présomptions de fait et de droit.
Dans
sa réponse à la notification du redressement, la direction de la société
a avancé l'argumentation suivante :
-
la société est dispensée de la tenue manuelle des livres comptables
parce que sa comptabilité est entièrement informatisée et elle a bien
respecté l'obligation du dépôt du programme informatique au bureau de
contrôle des impôts, prescrites par l'article 62-II du code de l'IRPP
et de l'IS,
-
en application des dispositions de l'article 72-I du code de l'IRPP et
de l'IS, l'année 1997 est prescrite et ne peut faire l'objet ni d'une vérification
ni d'un redressement.
Travail
à faire :
Afin
d'apprécier l'opportunité d'un recours contentieux, la direction de la
société sollicite votre assistance afin de l'éclairer sur le bien
fondé de ses argumentations.
Pour
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